LES COCHONS

Mon oncle Albert buvait d’la bière 
Et chauffait en même temps 
Dans c’temps-là tout l’monde faisait ça 
Y’avait rien d’mal là-dedans 
Ceux qui tinquaient se d’mandaient pas 
Comment rentrer chez eux 
La liberté régnait 
Les hommes étaient heureux 

Mais maintenant tout a changé 
L’âge d’or est révolu 
Maintenant les cochons 
Font régner l’angoisse dans nos rues 
Et gare à toi si t’as l’malheur 
De profiter de la vie 
Ils surgiront de l’ombre 
Pour t’enlever ton permis 

Faut pas qu’les cochons m’pognent, non 
Faut pas qu’les cochons m’pognent 
La main sur le goulot, le pied sur le champignon 
Faut pas qu’les cochons m’pognent, non 
Faut pas qu’les cochons m’pognent 
Si y m’pognent, m’as aller en prison 

Chauffer chaud, c’est confier à Dieu 
Le contrôle du volant 
C’est narguer les forces qui travaillent 
À notre asservissement 
C’est marcher sur un fil de fer 
Tendu entre deux pôles 
L’infini de la mort 
La fraîcheur de la geôle 

Mais le shérif n’aime pas 
Que les hommes soient libres 
Il les fait marcher au pas 
La main sur son gros calibre 
C’est le moyen qu’a trouvé 
Cet être borné et fade 
De se venger de ceux 
Qui tripent en malade 

Faut pas qu’les cochons m’pognent, non 
Faut pas qu’les cochons m’pognent 
De récidive en récidive, je défie l’oppression 
Faut pas qu’les cochons m’pognent, non 
Faut pas qu’les cochons m’pognent 
Si y m’pognent, m’as aller en prison 

Et si autant de braves soulons 
Font péter la balloune 
Et si les towings emportent 
Les restes de leurs minounes 
Mieux vaut encore payer ce prix 
Que lâchement s’écraser 
Devant la tyrannie 
De la sobriété 

Faut pas qu’les cochons m’pognent, non 
Faut pas qu’les cochons m’pognent 
Le quarante onces entre les deux cuisses, la pédale au fond 
Faut pas qu’les cochons m’pognent, non 
Faut pas qu’les cochons m’pognent 
Si y m’pognent, m’as aller en prison