Funérailles nationales


Nous, ce peuple fermé, inculte et fainéant
Pur produit du despotisme agro-catholique
Voyons parfois surgir comme d’heureux accidents
De nos hameaux bouseux des géants artistiques

Loin du manque d’ambition propre à ceux de chez nous
Ils voient grand et méprisent le médiocre et le pauvre
Ils ont troqué le miaulement plaintif du minou
Pour le rugissement sonore et vainqueur du fauve

Bien sûr, leurs sœurs et leurs frères jaloux les dénigrent
Mais nos héros n’ont que faire des haines villageoises
Comme le marathonien plus rapide que le tigre
Ils vont sans se soucier des fourmis qu’ils écrasent

C’est qu’ici nous sommes au pays des pisses-vinaigres
Et des pecnots qui n’savent que cracher dans la soupe
C’est toujours le plus médisant et le plus aigre
Qui récolte les bravos du reste du groupe

Au royaume de la soupe aux pois et des pogos
C’est d’un œil suspect qu’on regarde l’excellence
On montre du doigt ceux qui émergent du lot
Et on leur cherche des poux avec insistance

La succès donne aux nôtres d’horribles nausées
Nous sommes bien dans la boue et le pouding chômeur
Ici, tout c’qui n’est pas joual et vulgarité
Est banni des théâtres et des téléviseurs

Est-ce d’avoir habité pendant plus de 3 siècles
Des campagnes sans musée mais pleines de porcheries
Qu’on ne sait que couiner dès qu’on fait des obsèques
Nationales à un homme étincelant de génie?

Seul détail rassurant dans ce tableau honteux
Ce peuple de ploucs est heureusement en déclin
Il fait très peu d’enfants et dans un siècle ou deux
Il ne restera plus grand-chose de tous ces ti-clins

Seules quelques vieilles grand-mères en parleront encore
En disant aux p’tits pas fins et aux p’tites pas fines
Si vous êtes trop tannants ces racistes barbares
Reviendront pour tous vous noyer dans la poutine